Le vin dit bio prend une ampleur non négligeable en France, les facing des magasins de distribution se voient être envahi par ce petit logo AB (Agriculture Biologique).
Dans le détail, qu’en est-il ?
Les vins « bio » en France : le monopole du label AB
En France, le label « bio » est représenté par le sigle « AB » pour agriculture biologique (logo représentant les lettres AB en blanc sur fond vert, avec un petit papillon blanc au-dessus du B). Il est le seul à faire l’objet d’une réglementation et à être reconnu par la loi. Pour obtenir ce label, les vignes doivent être cultivées selon un cahier des charges précis. Elle sont ensuite contrôlées par un organisme certificateur indépendant (Aclave, Agrocert, Ecocert SA, Qualité France SA, Ulase ou encore SGS ICS) qui vérifie que le cahier des charges a bien été respecté. C’est seulement à l’issu de ce contrôle que les produits issus de ces vignes pourront disposer (ou non) du label AB. De façon globale, le cahier des charges du label Agriculture Biologique interdit le désherbage chimique et l’utilisation de produits de traitements de synthèse. Seuls les engrais verts sont autorisés et la protection du vignoble doit se faire uniquement par des processus naturels (sélection des plants, prédateurs naturels contre les insectes…) ou des produits d’origine naturelle comme le souffre (contre l’oïdium) et le sulfate de cuivre (contre le mildiou).
Le nombre de vignerons produisant des vins certifiés « bio » en France a explosé ces dernières années, et on en trouve aujourd’hui plus de 1.500. Une des raisons qui peut expliquer ce phénomène est une préoccupation grandissante liée à la santé, car les vignerons et leurs familles sont le plus souvent les premières victimes des produits dangereux épandus sur les vignes (engrais, insecticides, fongicides ou encore désherbants chimiques…). On connaît aujourd’hui malheureusement beaucoup de cas d’enfants de vignerons atteints de malformations génitales liés à la proximité de produits chimiques nocifs. L’autre raison pour le développement de cette viticulture biologique, c’est l’apparition d’un marché pour les produits agricoles « bio » ; or, en France, la crise commerciale traversée par le secteur des vins oblige les professionnels à envisager un véritable repositionnement de leurs produits, avec des recherches sur la qualité gustative et la valorisation par l’aspect écologique. Cependant, le label AB pour des productions agricoles aussi élaborées que le vin est très critiqué, car la certification se limite à la façon dont est produit le raisin ; elle ne prend pas en compte tout ce qui touche aux méthodes de vinification (qui peuvent ajouter des levures, du sucre ou tout autre complément de type arôme, colorant artificiel…). Un vin labellisé AB donne des garanties sur les méthodes de viticulture, mais ne présage en rien de la qualité gustative du produit ni de l’éthique des méthodes de vinification utilisées.C’est un point dont il faut bien tenir compte dans son processus d’achat. Il est aussi très important de connaître le producteur d’un vin que. A l’heure actuelle, le logo AB n’offre finalement que peu de garantie quant au vin. Ce qui est certain, c’est que le vigneron utilise des produits dit non-nocif pour l’environnement. Il faut cependant bien gardé en tête que le cuivre à dose importante n’est pas sans effet sur le sol. Tout excès est bien entendu à éviter. En ce qui concerne la méthode de vinification, le consommateur n’a pour l’instant aucune information, il n’existe pas de label garantissant une vinification « bio ». C’est que la connaissance du vigneron intervient. Pour ce faire, le moyen le plus simple reste de le rencontrer sur les multiples salons organisés dans toute la France. L’autre moyen, c’est de faire confiance à des labels non-reconnus par la législation française (cf plus bas)… Des démarches alternatives s’attachent à la vinification
Certaines associations d’agriculteurs trouvent que le cahier des charges de l’Agriculture Biologique n’est pas assez contraignant et ont créé des labels plus exigeants. Ces labels se retrouvent parfois sur les bouteilles de vin, et il convient donc d’expliquer de quoi ils retournent. Ce sont essentiellement les mentions « Déméter » et « Nature et Progrès ». Cependant, ces labels ne sont pas reconnus par la législation française et engagent donc une relation de confiance avec le consommateur.
Le label « Déméter » est certifié par l’association Déméter Agriculture Bio-Dynamique (voir notre article sur ce blog en cliquant ici). Il s’agit de méthodes de culture encore plus sévères que celles spécifiées au cahier des charges du label AB. Le principe de base de l’agriculture bio-dynamique, qui existe depuis les années 1920, est de tenir compte des relations entre les éléments naturels. Elle a pour but, entre autres, de soigner la Terre et de régénérer les sols. Les agriculteurs bio-dynamistes, grâce à la fumure et à des préparations à base de plantes médicinales et de minéraux, travaillent dans ce sens. Ils s’attachent aussi à respecter les rythmes de la Terre et ducosmos. Si le vigneron suit le cahier des charges de l’agriculture bio-dynamique, il peut donc disposer d’un étiquetage « vin issu de raisins DEMETER ». Mais l’association a pris en compte le produit spécifique que représente le vin en mettant au point un cahier des charges spécifique ouvrant le droit à une étiquette « vin DEMETER » : globalement, il s’agit d’utiliser des raisins issus de l’agriculture bio-dynamique, de limiter les ajouts pour la vinification, l’élevage et la conservation (dans l’idéal, ne rien y ajouter du tout) et, encore une fois, de respecter les rythmes naturels. Le deuxième gros label est la charte « Nature et Progrès » définie par la Fédération Internationale d’Agriculture et d’Écobiologie qui réunit professionnels et consommateurs. Il s’agit du cahier des charges le plus sévère à l’heure actuelle. La mention « Nature et progrès » ne comprend pas que des caractéristiques techniques, mais aussi des aspects environnementaux, sociaux et économiques. Sa philosophie réside dans la défense d’une société humaniste, écologique et alternative. Elle poursuit des objectifs de lutte contre l’intensification agricole, les OGM et les effets pervers du libéralisme mondial. Dans le domaine du vin, elle a mis en place un cahier des charges spécifique qui encadre tous les aspects de la production du vin et qui définit les méthodes et les produits autorisés ou interdits : de la production des raisins à la mise en bouteille, en passant par le transport et même la fabrication des bouchons, toutes les étapes de fabrication doivent répondre à la philosophie de la charte.
Les mentions « vins DEMETER » et « Nature et Progrès » sont donc deux très bons repères pour se diriger vers des produits plus « globalement » écologiques, qui s’intéressent à des aspects bien plus larges que la simple production du raisin. Malheureusement, leur non encadrement par la législation française peut amener des doutes dans l’Esprit du consommateur. L’idéal serait donc de trouver des vins portant à la fois le label AB qui garantit le contrôle des producteurs par des organismes indépendants agréés par le Ministère de l’Agriculture, et une étiquette « Déméter » ou « Nature et Progrès ». Malheureusement, les producteurs engagés dans une démarche plus qualitative comme Déméter ou Nature et Progrès ne comprennent pas forcément l’intérêt de se faire certifier AB ; ils peuvent même y être réticent.